Le pied diabétique

Vivre avec un diabète nécessite d’accorder une attention particulière à ses pieds. S’il n’est pas géré de façon adaptée, le diabète expose en effet à un risque accru de plaies et d’atteintes podologiques.

Couramment nommée « pied diabétique », cette complication regroupe une diversité de manifestations et de symptômes pouvant parfois conduire à de graves conséquences. D’où la nécessité de prendre soin de ses pieds et de mettre en place des mesures de prévention actives.

Le pied diabétique

Pied diabétique : définition et causes

Les complications podologiques liées au diabète (ou « pied diabétique ») peuvent-être consécutives à :

Des lésions neurologiques (on parle de neuropathie périphérique), lorsque les nerfs qui assurent la sensibilité sont abîmés, en particulier au niveau des fibres nerveuses les plus longues, c'est-à-dire celles qui se situent dans les pieds. Cela peut induire, par exemple, une déformation du pied responsable d’une modification des points d’appuis et d’un risque accru de blessure, pouvant s’associer à une modification des sensations avec une perception de la douleur fortement diminuée qui n’alerte plus le patient lorsqu’il se blesse. 

Une atteinte des vaisseaux sanguins (on parle d’artérite ou d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs), entraînant une mauvaise circulation sanguine : les artères se bouchent, empêchant le transport, vers les tissus, de l’oxygène et des nutriments nécessaires au processus de cicatrisation.

Une infection, lorsque blessures ou mycoses ouvrent la porte à des bactéries. En cause : des chaussures mal adaptées, une hygiène des pieds insuffisante, un retard de cicatrisation, un suivi non respecté chez le podologue…

Ces 3 facteurs peuvent intervenir indépendamment ou de façon cumulée, et sont la conséquences d’un diabète déséquilibré. En effet, les atteintes neurologiques et les problèmes de cicatrisation surviennent surtout en cas d’hyperglycémie mal contrôlée au long court. Les atteintes vasculaires, quant à elles, sont surtout favorisées par d’autres facteurs de risques comme le tabagisme, l’hypertension artérielle ou encore l’hypercholestérolémie.

Par ailleurs, le risque de développer des problèmes de pied augmente avec l'âge et l'ancienneté du diabète.

Pied diabétique : symptômes

En pratique, les symptômes du pied diabétique peuvent se manifester de différentes façons :

  • absence de réflexe et perte de sensibilité au niveau des pieds (la chaleur, le froid et la douleur sont moins bien ressentis parce que l'information « chaud » ou « douleur » n'arrive pas jusqu'au cerveau),
  • une sécheresse cutanée favorisant la survenue de plaies,
  • un déficit moteur pouvant entraîner des déformations extrêmes (pied de Charcot),
  • douleurs au niveau des pieds ou des jambes au repos ou à la marche,
  • pouls peu ou pas perçu,

Pied diabétique : quelles conséquences ?

Du fait d’une mauvaise circulation sanguine au niveau des pieds, les petites plaies cicatrisent mal et s'infectent facilement.

Quand ce phénomène est associé à une absence de sensibilité dans les pieds, le risque d’infection devient très important puisque le patient peut se blesser sans s’en apercevoir. Et quand elles ne sont pas soignées, ces blessures deviennent une porte d'entrée pour les bactéries, et peuvent s’infecter.

Ces infections, non traitées, peuvent parfois évoluer jusqu’à la gangrène et l’amputation. C’est pourquoi, les patient(e)s qui vivent avec un diabète doivent porter une attention particulière aux soins de leurs pieds.

Pied diabétique : comment le prévenir ?

Le pied diabétique n'est heureusement pas une fatalité : garder sa glycémie sous contrôle, dès l'apparition du diabète, permet de se prémunir efficacement de ces complications.

Outre l’équilibre glycémique et la diminution des facteurs de risques associés, les stratégies de prévention valent pour tous et associent des mesures de bon sens, d’hygiène et de surveillance, avec le réflexe pour toutes les personnes vivant avec un diabète de penser à consulter au moindre doute.

Ajoutez à cela une veille préventive et régulière du bon état et de la sensibilité des pieds en vous rendant chez un podologue 1 fois par an.

L’ensemble des mesures de prévention du pied diabétique, en fonction de la graduation du risque, peut être résumé dans le tableau suivant :

Spécificités
et facteurs de risque
Prévention Interventions spécifiques
Grade 0Pas de facteurs de risques associés et bon contrôle glycémiqueTester régulièrement la sensibilité de ses pieds
Consulter au moindre doute
Soin et examen de podologie annuel recommandé (mais non remboursé par la Sécurité Sociale)
Grade 1Neuropathie sensitive
=> Possibilité de se blesser sans s'en apercevoir
Autosurveillance quotidienne des pieds (manuelle et visuelle)
Éviter de marcher pieds nus
Vérifier l'intérieur de ses chaussures avant de les enfiler
Vérifier la température de l'eau avant de prendre un bain de pied
Attention aux blessures et ampoules lors du port de chaussures neuves
Soin et examen de podologie réguliers (3 par an) recommandés (mais non remboursé par la sécurité sociale)
En cas de plaie : consulter au moindre doute sur la cicatrisation
Grade 2Neuropathie sensitive
Déformation du pied et des appuis
Atteinte vasculaire
=> Risque accru de blessures et de difficulté de cicatrisation
Prévention identique au Grade 1
Port d'orthèse recommandé pour rétablir les points d'appui
Port de chaussures adaptées
Hydratation des pieds renforcée
Prise en charge podologique régulière (5 consultations/an remboursées par la Sécurité Sociale)
Prise en charge d'appareillage (orthèses) et conseils pour chaussures adaptées (réseau de santé)
En cas de plaie : ne pas prendre d'antibiotique et consulter rapidement
Grade 3Antécédents de plaies avec complicationsRenforcement des mesures préventives de Grade 2
Port de chaussures adaptées et appareillages spécifiques
Prise en charge podologique intensive (8 consultations/an remboursées par la Sécurité Sociale)
Prise en charge par un référent et un réseau de soins spécialisés

Mesures d'hygiène globale pour tous :

Contrôler sa glycémie et les facteurs de risques vasculaires (HTA, cholestérol, tabac…)

Chaussettes - chaussures : éviter les matières synthétiques qui favorisent les mycoses.

Salle de bain : ne pas se râper la peau de façon agressive, ne pas couper ses ongles trop à ras, favoriser les bord droits, utiliser des crèmes non corrosives

Surveillance : toujours analyser la cause de la plaie.

En cas de plaie : nettoyer à l'aide de produits non agressifs et non colorants pour s'assurer visuellement de la bonne cicatrisation.

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Sources :

Pr Jean-Jacques Altman, Chef de service du Service d'endocrinologie à l’Hôpital européen Georges-Pompidou.

Dr Clara Bouché, diabétologue, endocrinologue, Chef de service médecine hospitalière, Fondation Rothschild, Paris.

Le Grand Livre du Diabète, Eyrolles, 3e édition, (2014).

Direction de la Prestation de Dinno santé.