Nouvelle venue dans la panoplie des offres de soins, la télémédecine a été déterminante durant le confinement début 2020… Particulièrement adaptée au suivi régulier de maladies chroniques comme le diabète, faisons ensemble un retour sur ce qui pourrait être une méthode de consultation généralisée dans un futur proche.
Mieux comprendre la télémédecine
La télémédecine est devenue possible grâce à l’essor des nouvelles technologies. Elle permet à un patient d’accéder à distance à un médecin ou à une équipe médicale par vidéotransmission via un smartphone ou un ordinateur équipé d’internet. « C‘est une autre manière de soigner, tout en offrant les mêmes exigences de qualité et de sécurité » explique le ministère de la santé. La télémédecine comprend, entre autres, la téléconsultation et la télésurveillance.
Faciliter la vie des patients
L’objectif de la téléconsultation est multiple : désengorger les consultations et ainsi apporter une réponse aux problèmes de délais dans la prise de rendez-vous, mais aussi offrir une alternative aux personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Elle est également, pour les patients, un moyen d’alléger leur agenda de rendez-vous médicaux, cela évite les déplacements et restreint donc le temps dédié aux soins. La téléconsultation est dorénavant remboursée par l’assurance maladie comme les consultations « classiques ». De même, les soins prescrits à cette occasion sont pris en charge dans les conditions habituelles.
Quel profil de patient et quels professionnels de santé ?
La téléconsultation est accessible sur tout le territoire français (métropole et départements et régions d'outre-mer). Elle peut concerner toutes sortes de pathologies que ce soient un problème de santé ponctuel ou le suivi d’une maladie chronique comme le diabète. Toutefois, elle n’est possible que sur proposition d’un professionnel de santé, et uniquement si le patient et le médecin se sont déjà rencontrés lors d’une consultation en face-à-face. Elle peut être pratiquée par n’importe quel médecin quels que soient sa spécialité médicale et son lieu d’exercice (en ville ou en établissement de santé).
Le pas à pas de la téléconsultation
Votre consentement est nécessaire pour toute téléconsultation. Notez que le secret médical est assuré, et que vos données personnelles sont protégées. Avant la consultation, le médecin vous envoie un lien Internet qui vous permettra de vous connecter pour votre rendez-vous.Une fois que vous avez rassemblé le matériel nécessaire : un ordinateur équipé d’une webcam avec une connexion internet ou une tablette ou encore un téléphone muni d’une caméra, le déroulement est très simple, il suffit de s’organiser :
Avant la téléconsultation : Choisir un lieu calme et rassembler l’ensemble des informations nécessaires à la connexion, ainsi que vos documents médicaux. Soyez ponctuel(le).
Lors du rendez-vous : une fois connecté.e à la plateforme sécurisée, placez-vous face caméra, et échangez à claire et intelligible voix avec votre praticien.
Après la téléconsultation : Celle-ci est facturée par le médecin de la même manière que d’habitude puis téléversée en vue de votre remboursement.
Télésurveillance : zoom sur le programme ETAPES
Le diabète est l'une des 5 pathologies intégrées dans le programme ETAPES (Expérimentation de Télémédecine pour l’Amélioration du Parcours En Santé) de télémédecine lancé depuis mars 2017, par le ministère de la santé. En effet, avec un tiers des patients diabétiques hospitalisés au moins une fois par an, le diabète est une maladie chronique en échec de prise en charge. Les patients éligibles au programme ETAPES sont :
Les personnes diabétiques de type 1 âgés de plus de 12 ans et moins de 18 ans : présentant une HbA1c >= 8,5 % lors de deux mesures réalisées dans un intervalle de 6 mois malgré une mise sous insuline de plus de 6 mois.
Les personnes diabétiques de type 1 âgés adultes (> 18 ans) : présentant une HbA1c >= 8 %, lors de deux mesures réalisées dans un intervalle de 6 mois et ce malgré une mise sous insuline de plus de 6 mois.
Mais aussi, pour toutes les personnes DT1 qui lors de la découverte du diabète (dans les 6 premiers mois) montre un risque quant à l’autonomisation face à la prise et au suivi du traitement.
Les personnes diabétiques de type 2 adultes diagnostiqués depuis plus de 12 mois et chroniquement déséquilibrés, avec une HbA1c >= 9% lors de deux mesures réalisées dans un intervalle de 6 mois et traités sous insuline (à l’initiation lorsqu’il existe un risque de non autonomisation, ou à distance de l’instauration).
Enfin, les professionnels de santé autorisés à prescrire ou à inclure les personnes diabétiques dans le cadre d’ETAPES sont les spécialistes endocrino/diabétologie, le médecin généraliste déclaré comme médecin traitant ainsi que les pédiatres.
À noter : suite à l’épidémie de Covid-19, le gouvernement a décidé une extension des critères d’éligibilité au programme pour une période transitoire d’un trimestre.
La télésurveillance ou la diabétologie du futur ?
Le point de vue du Pr Alfred Penfornis, chef du service d'endocrinologie, diabétologie et maladies métaboliques au Centre Hospitalier Sud Francilien :
“Pour l’instant, dans le domaine du diabète, la télésurveillance ne s’envisage que dans le cadre de l’expérimentation du programme ÉTAPES. Bien sûr, il est possible d’utiliser la télésurveillance de manière informelle par le biais de sites web qui permettent de récolter les données glycémiques des systèmes de mesure en continu. Toutefois, il n’existe pas encore de système intelligent qui permette aux patients d’avoir des conseils pour adapter leurs doses. Dans le programme ÉTAPES, la télésurveillance s’applique de manière hebdomadaire avec un accompagnement thérapeutique mensuel, le plus souvent par téléphone et pratiqué par des infirmier.e.s “spécialisé.e.s”. Il est bien connu que, plus les contacts entre les professionnels et les patients sont nombreux, meilleur sont l’équilibre du diabète et la qualité de vie. Les délais sont actuellement très longs pour être reçu en consultation, la télésurveillance peut ainsi permettre de pallier cette attente. La télésurveillance représente une innovation technologique d’avenir pour le suivi des maladies chroniques de manière générale.”