Le diabète gestationnel

Le diabète gestationnel est un type de diabète qui se déclenche pendant la grossesse et disparaît après l’accouchement. Il demande un suivi attentif afin d’éviter ou de limiter tout impact sur la santé de la mère et de l'enfant.

Dinno santé vous en dit plus sur le diabète gestationnel, ses causes, ses symptômes, ainsi que la façon de le dépister et de le traiter.

Le diabète gestationnel

Diabète gestationnel : la définition et les causes

Le diabète gestationnel est un trouble de la régulation de la glycémie (taux de sucre dans le sang).

Pendant la grossesse, l’équilibre hormonal de la femme est modifié. L’hormone lactogène (qui prépare la mère à allaiter) et l’hormone de croissance foetale en particulier, qui sont fabriquées au cours de la 2ème moitié de la grossesse, rendent l’organisme moins sensible aux effets de l’insuline qui sert à réguler la glycémie.

Dans la plupart des cas, le pancréas réagit en augmentant la quantité d’insuline sécrétée, et cela n’a aucune conséquence. Mais, pour certaines femmes, cette compensation ne se fait pas, ou pas correctement. La conséquence ? Un excès de sucre dans le sang (hyperglycémie). C’est le diabète gestationnel.

Il convient de distinguer : 

Les femmes qui présentent des glycémies élevées en début de grossesse, ce qui peut indiquer qu’elles avaient un diabète non dépisté avant la grossesse. 

Les femmes qui développent un diabète lors de la grossesse, généralement vers la fin du 2ème trimestre.

Dans le deuxième cas, c’est un diabète gestationnel qui ne dure que le temps de la grossesse. Toutefois, il ne faut pas le négliger, puisque la mère devient alors à risque de développer un diabète de type 2 dans les années qui suivent l’accouchement. 

Le diabète gestationnel en chiffres

  • En Europe, le diabète gestationnel concerne 1 grossesse sur 7. [1]
  • Dans le monde, le pourcentage d’enfants dont la mère a développé une forme d’hyperglycémie pendant la grossesse est estimé à 16,7%. Plus de 80% de ces cas sont liés à un diabète gestationnel, et non à un diabète préexistant à la grossesse. [1]
  • En France, la fréquence du diabète gestationnel est estimée à près de 16,5%. [2]
  • Une étude française a montré que 35% des femmes atteintes de diabète gestationnel développent un « vrai » diabète de type 2 dans les 11 ans. [3]

Diabète gestationnel : les facteurs de risque

Certains facteurs ont été identifiés comme pouvant augmenter le risque de développer un diabète gestationnel :

  • le surpoids et l’obésité (indice de masse corporelle supérieur ou égal à 25 kg/m²) ;
  • un âge de plus de 35 ans au début de la grossesse ;
  • une prédisposition familiale (si un parent proche est lui-même atteint d’un diabète de type 2) ;
  • la survenue d'un diabète gestationnel lors d'une précédente grossesse.

Diabète gestationnel : les signes et symptômes

Le plus souvent, le diabète gestationnel est asymptomatique, c’est-à-dire sans signes visibles.

Toutefois, il entraîne parfois les mêmes symptômes que ceux du diabète :

  • une soif intense ;
  • des envies fréquentes d’uriner et en volume important ;
  • une grosse fatigue ;

Diabète gestationnel : le diagnostic et le dépistage

En France, le dépistage du diabète gestationnel est encadré par les recommandations SFD/CNGOF (Société Francophone du Diabète et Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) datant de 2010.

On ne pratique pas un dépistage généralisé, puisqu’il est concentré sur les femmes à risques afin de les prendre en charge le plus rapidement possible et ainsi de limiter les risques de complications.

Le diagnostic du diabète gestationnel est basé sur :

  • la mesure de la glycémie à jeun lors du 1er trimestre de la grossesse ;
  • et/ou sur la mesure de la glycémie lors d’une hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO), réalisée entre la 24ème et la 28ème semaine de grossesse.

L’HGPO consiste à boire une quantité standard de glucose, sous forme de sirop, équivalente à 75 grammes. La glycémie est ensuite mesurée à jeun (seuil : 0,92 g/L), via une prise de sang, puis après ingestion à 1 heure (seuil : 1,80 g/L), puis à 2 heures (seuil : 1,53 g/L).

Il suffit qu’une seule des valeurs de glycémie soit égale ou supérieure aux seuils définis pour établir le diagnostic de diabète gestationnel. À l’heure actuelle, l’examen nécessite donc de rester au moins 2h30 à l’hôpital ou au laboratoire d’analyse pour être pratiqué correctement.

Si vous êtes enceinte, n'hésitez pas à en parler lors de vos rendez-vous chez votre médecin.

Diabète gestationnel : quelles conséquences et complications pour la maman et le bébé ?

Le diabète gestationnel se manifeste par une élévation de la glycémie qui expose la mère et l’enfant à différents risques.

En effet, le sang de la future maman et celui du bébé sont constamment reliés, via le placenta. Si le diabète gestationnel n’est pas pris en charge, le taux de sucre dans le sang est trop élevé, ce qui aura un impact négatif sur la maman comme sur le bébé.

Chez la mère, les principaux risques de complications d’un diabète gestationnel sont :

  • la prise de poids ;
  • des œdèmes ;
  • une hypertension artérielle ;
  • un accouchement prématuré et/ou par césarienne ;
  • le développement d’un diabète de type 2 après la grossesse.

Chez l’enfant, le risque principal du diabète gestationnel est de mettre au monde un bébé avec un poids de naissance élevé, c’est-à-dire qui pèse plus de 4 kg à la naissance (macrosomie). Le bébé ne sera alors pas beaucoup plus grand que la normale, mais il sera plus « adipeux », c’est-à-dire qu’il aura développé plus de graisse sous la peau. Cela peut entraîner un accouchement difficile, mais aussi une dystocie des épaules (lors de l’accouchement, les épaules du bébé ne se mettent pas dans une position lui permettant de sortir, elles se bloquent au niveau du bassin de la mère), ou encore d’autres complications comme une détresse respiratoire.

L’exposition d’un bébé, pendant toute sa vie fœtale, à un environnement métabolique trop sucré peut également entraîner des modifications dans les gènes de l’enfant, qui le prédisposent à un risque précoce de surpoids, mais aussi de diabète de type 2 et d’hypercholestérolémie.[4,5]

Heureusement, ces complications sont tout à fait évitables pour la mère, comme pour l’enfant. Pour cela, la prise en charge du diabète gestationnel est essentielle.

Diabète gestationnel : le traitement et le suivi

Si un diabète gestationnel est détecté, des solutions existent pour le contrôler et donc éviter tout risque de complications, tant pour la mère que pour le bébé.

L’objectif du suivi et du traitement du diabète gestationnel est de limiter au maximum les fluctuations de la glycémie.

Pour ce faire, dans deux tiers des cas, l’adaptation de l’alimentation et la pratique d’une activité physique adaptée permettront d’équilibrer les glycémies.

Dans le tiers des cas restant, il faudra également avoir recours à l’insulinothérapie, c’est-à-dire à l’administration d’insuline par stylo, seringue ou pompe à insuline. Cela permettra quasi toujours de maintenir la glycémie à des niveaux « sains ».

Le régime alimentaire sera très peu restrictif en quantité. Il consistera surtout à avoir une alimentation variée et équilibrée, en respectant les trois repas principaux, tout en surveillant les apports en glucides :

  • les sucres rapides (aliments très sucrés) devront être limités au maximum ;
  • les sucres lents (féculents) devront être consommés sans excès. 

Par ailleurs, durant la grossesse, les besoins nutritionnels en vitamine B9, en calcium, en fer et en énergie augmentent. Afin de couvrir ces besoins, mais aussi ceux nécessaires au développement du fœtus, il sera nécessaire :

  • d’augmenter la consommation de légumes ;
  • de consommer au moins trois aliments sources de calcium par jour ;
  • d'ajouter un aliment céréalier complet à chaque repas ;
  • de consommer viande, poisson ou œuf, une à deux fois par jour.

Aussi, certains aliments peuvent présenter des risques [6] :

  • les fromages au lait cru, ceux à pâte molle et à croûte lavée ;
  • les produits de charcuteries (rillettes, pâtés, foie gras…) ;
  • la viande, les coquillages et le poisson cru.

Côté exercice physique, il faudra se rapprocher du médecin traitant qui conseillera sur l’activité physique la plus adaptée à la grossesse. Les activités les plus douces comme la natation ou encore la marche sont souvent recommandées.

Enfin, le recours à l’autosurveillance glycémique, généralement effectuée à l’aide d’un lecteur de glycémie, est également indispensable. Elle permettra de vérifier que la glycémie est sous contrôle et d’adapter, au besoin, le traitement du diabète gestationnel.

Diabète de type 2 : quand faut-il se faire dépister ?

Le dépistage du diabète de type 2 est recommandé si vous avez plus de 40 ans, et que :

certains membres de votre famille proche sont atteints de diabète ;

vous êtes atteint(e) d’obésité avec présence de graisse abdominale ;

vous souffrez d’hypertension artérielle ;

vous présentez un excès de graisses dans le sang (cholestérol, etc.) ;

vous avez des antécédents de maladie cardiovasculaire.

Si vous êtes concerné par un ou plusieurs de ces facteurs, et/ou en cas de symptômes, n’attendez pas pour en parler à votre médecin traitant.

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Sources :

[1] IDF Diabetes Atlas, 10th edition.

[2] Enquête nationale périnatale : résultats de l’édition 2021. Inserm.

[3] PO10 Prévention du diabète de type 2 chez les femmes ayant présenté un diabète gestationnel : Étude DIAGEST 3 : données démographiques et adhésion au programme. March 2013. Diabetes & Metabolism 39(1):A23.

[4] Fetal macrosomia and adolescence obesity: results from a longitudinal cohort study. Int J Obes (Lond). 2009.

[5] Epigenetics of gestational diabetes mellitus and offspring health: the time for action is in early stages of life. Mol Hum Reprod. 2013.

[6] PNNS, Le guide nutrition pendant et après la grossesse.

Pr Altman, chef de service de diabétologie à l’Hôpital Européen Georges Pompidou

Agathe V, diététicienne-nutritionniste.

Direction de la Prestation de Dinno santé.