Activité physique : quel rôle dans les maladies chroniques comme le diabète ?

L'activité physique adaptée d'intensité modérée est recommandée dans le traitement de la plupart des maladies chroniques. En prévention des complications comme au quotidien quels sont les effets bénéfiques sur les personnes atteintes de diabète ?

Le point sur le sujet avec le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport, au CHU de Rennes.

Activité physique : quel rôle dans les maladies chroniques comme le diabète ?

On dit que l’activité physique est une thérapeutique non médicamenteuse…

Pr François Carré :

C’est exact, aujourd’hui dans le diabète de type 2 (DT2), les recommandations en début de traitement sont la mise en place d’une activité physique associée à un régime alimentaire équilibré et le cas échéant le sevrage tabagique. Ce n’est que si cette option est en échec, après les 6 premiers mois, que le médecin mettra en place un traitement médicamenteux. Dans le diabète de type 1 (DT1), le traitement est obligatoire mais le sport est aussi un bon moyen d’équilibrer la glycémie, de réduire le risque de complications micro et macro-vasculaires et même, dans certains cas, de réduire les doses d’insuline nécessaires.

En 2011, la Haute Autorité de Santé (HAS) a validé l’emploi des thérapeutiques non médicamenteuses (TNM) dans la prise en charge des maladies chroniques comme le diabète. Celles-ci rassemblent notamment des conseils pour une alimentation équilibrée et la prescription d’une activité physique qui peut être réalisée seul.e (ou avec un encadrant) et qui a un bénéfice dans la pathologie. Le succès des TNM nécessite l’implication complète du patient. Elles ont montré des bénéfices qui sont bien supérieurs aux risques puisque si cette activité physique est bien réalisée ceux-ci sont pratiquement nuls, mis à part des courbatures.

Que veut dire pratiquer une activité physique régulière ?

Pr François Carré :

En 2020, les nouvelles recommandations préconisent de pratiquer 150 à 300 minutes d’activité physique modérée par semaine. Pour une activité physique intense, la recommandation passe à 75 - 150 minutes par semaine.

Mais, outre la quantité, c’est surtout la régularité qui compte. Il faut bouger tous les jours ! Les effets du sport durent entre 24 et 36 heures… donc on peut à la rigueur “sauter” un jour mais pas plus sinon, on perd tout le bénéfice de ce que l’on a fait avant ! Faire chaque jour 30 minutes d’activité physique modérée est plus utile qu’une unique longue séance de sport le week-end. Et, le fait de ne pas faire de sport, ce n’est pas une question de temps… parce que l’on peut fractionner l’exercice ! Il faut bien comprendre que c'est aussi bénéfique de faire 3 fois 10 ou 15 minutes au cours de la journée que 30 minutes d'affilée, tant que c’est chaque jour.

Qu’est-ce que l’activité physique modérée ?

Pr François Carré :

Une activité physique modérée est une activité durant laquelle le rythme cardiaque augmente et où l’on est un peu essoufflé, mais l’on peut toujours parler. L’idéal est de coupler des exercices de cardio pour l’endurance avec du renforcement musculaire (environ 2 fois par semaine). Marche active, vélo, natation… Toutes les activités physiques ont un effet bénéfique sur le diabète, mais pas seulement, on retrouve des bénéfices au niveau cardiovasculaire, contre le développement des cancers mais aussi la maladie d’Alzheimer. L’important, c’est de choisir une activité qui plaît car c’est l’unique moyen de faire en sorte de la poursuivre tout au long de la vie.

Quels sont les dangers de la sédentarité et son impact sur la glycémie ?

Pr François Carré :

Il faut savoir que l’Homme est génétiquement programmé pour bouger ! Le problème avec le confinement et le télétravail, c’est que les gens restent assis longtemps sur leur chaise sans bouger. Et cette sédentarité a un impact direct sur la santé. À partir du moment où le temps passé assis ou allongé, en dehors du sommeil, est supérieur à 6 - 7 heures, c’est forcément délétère pour la santé. Il faut se lever a minima toutes les 2 heures et marcher quelques minutes pour briser ce temps assis. À l’ère du sans fil, rien n’empêche de téléphoner debout et de faire les 100 pas, il faut saisir chaque occasion de se lever comme d’aller chercher vos documents à l’imprimante... bouger 1 ou 2 minutes suffisent.

Autre astuce, lors de la pause déjeuner, favoriser les escaliers plutôt que l'ascenseur lorsque cela est possible. Il faut noter également que rester assis longtemps provoque très souvent des envies irrépressibles de grignotage probablement secondaires à une stimulation hormonale encore mal précisée. Un fléau pour la ligne comme on a pu le voir lors du 1er confinement en 2020 ! D’autant plus que l’inactivité augmente la glycémie que l’on soit diabétique ou non, ainsi que l’inflammation, le stress oxydant et la pression artérielle… autant de facteurs qui réduisent l’immunité et qui favorisent donc les maladies infectieuses.

Il faut voir l’activité physique ou sportive comme un médicament : parce que sa pratique régulière réduit tous ces facteurs et agit aussi pour diminuer la glycémie et la pression artérielle. Mais, attention à ne pas s’arrêter une fois les objectifs atteints, parce que si vous voulez que ces bénéfices persistent, l’activité physique c’est à vie !

Les informations et outils mis à votre disposition par Dinno Santé, le sont à titre informatif. Ils ne se substituent en aucun cas aux recommandations de votre professionnel de santé.