Alcool et diabète : oui, mais avec modération

Afterwork, apéro, dîner… Autant de moments souvent propices à boire de l’alcool qui ne sont pas toujours faciles à gérer lorsque l’on vit avec un diabète. Tour d’horizon des effets de l’alcool sur l’organisme et la glycémie, ainsi que quelques précautions de consommation.

Peut-on boire de l’alcool en cas de diabète ?

« Est-ce que je peux boire de l’alcool ? » : voici une question bien légitime que l’on peut se poser lorsque l’on vit avec un diabète. La réponse est oui !

Le diabète en lui-même n’est pas une contre-indication à la consommation d’alcool. Mais, comme le dit la recommandation que tous les français connaissent, « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération ». Tant qu’elle reste occasionnelle et mesurée, la consommation d’alcool est donc tout à fait possible pour les personnes qui vivent avec un diabète (type 1 comme type 2), au même titre que pour l’ensemble de la population.

Rappelons tout de même que boire de l’alcool est contre-indiqué dans certaines situations :

  • En cas d’antécédents de problèmes d’alcool.
  • Lors d’une grossesse ou en cas d’allaitement.
  • Au travail.
  • Avant de prendre le volant.
  • En cas de prise de certains traitements médicamenteux.
  • En cas de certaines pathologies pouvant être compliquées par l’alcool : maladie du foie, maladie psychiatrique…

L’impact de l’alcool sur la glycémie

Chez les personnes qui vivent avec un diabète, boire un verre d’alcool au cours d’un repas n’a pas d’impact négatif sur l’équilibre glycémique à court terme.

En revanche, une consommation importante d’alcool est une cause de déséquilibre glycémique, car cela augmente le risque d’hypoglycémie. Notamment, boire plus de 2 verres d’alcool la veille au soir augmente l’effet hypoglycémiant des sulfamides (médicaments antidiabétiques oraux) et de l’insuline, et se manifeste par une hypoglycémie tardive durant la nuit ou au réveil. Les répercussions sont d’autant plus sévères que la reconnaissance des signes d’alerte d’hypoglycémie (tremblements, transpiration, confusion ou faiblesse globale) est perturbée du fait de l’alcoolisation.

C’est pourquoi il est toujours conseillé de consommer des glucides avant d’ingérer de l’alcool ou d’éviter de boire de l'alcool en dehors d’un repas. Il est également essentiel de pratiquer une autosurveillance de sa glycémie avant, pendant et après la consommation d'alcool. D’autant plus que, dans ce cadre, une hypoglycémie, ou une hyperglycémie, peut être très sérieuse puisque tant que l’organisme n’a pas éliminé l’alcool, il ne sera pas capable de réguler « normalement » la glycémie.

L’alcool et ses conséquences sur la santé et le diabète

S’il ne s’agit pas de prôner l’abstinence, il faut tout de même souligner que l’alcool n’est pas sans conséquence sur la santé.

En effet, une consommation régulière et excessive d’alcool accroît la fréquence et la gravité des complications du diabète. Elle augmente les risques :

De neuropathie : l’alcool peut endommager les nerfs, ce qui aggrave les symptômes de la neuropathie tels que les picotements, les engourdissements et les douleurs.

De rétinopathie : l’alcool peut augmenter le risque de développer une maladie des yeux, pouvant entraîner la cécité.

De néphropathie : l’augmentation de la tension artérielle force les reins à filtrer une quantité excessive de sang, ce qui va épuiser et dégrader des néphrons (ceux qui filtrent les reins). Cette maladie peut entraîner une insuffisance rénale.

D’hypertension artérielle (HTA) : plus la quantité d’alcool consommée est importante, plus le risque de l’hypertension et de la gravité sont élevés.

Par ailleurs, le contrôle du poids est un axe important du traitement du diabète. Or, de nombreuses boissons alcoolisées, comme les cocktails, la bière, et les vins cuits, liquoreux ou moelleux, présentent une teneur en sucre souvent élevée. En moyenne, on compte 7 kcal pour 1g d’alcool. L’alcool est donc une boisson calorique qu’il est préférable de limiter si vous faites attention à votre poids.

Autres spécificités :

  • La prise d’alcool peut nuire à l’efficacité de certains antidiabétiques oraux. Reportez-vous à la notice de vos traitements ou parlez-en avec votre médecin traitant ou diabétologue.
  • Des études ont constaté que plus un(e) patient(e) consommait de l’alcool, moins il/elle était observant au traitement de son diabète et moins rigoureux(se) sur l’autosurveillance. À partir d’un verre par jour, la qualité de l’autocontrôle diminue déjà !

Plus généralement, même consommé en faible quantité, l’alcool a une influence sur le développement de nombreuses maladies :

  • cancers,
  • maladies cardiovasculaires,
  • maladies digestives,
  • maladies du système nerveux et troubles psychiques.

Si la boisson consommée contient beaucoup de glucides, l’alcool peut faire monter le taux de sucre et entraîner de l’hyperglycémie, à cause de la métabolisation de l’alcool en glucose par le foie. Cela peut aggraver les symptômes du diabète et augmenter le risque de complications.

Y a t-il des alcools à privilégier ?

Vous l’aurez compris, en matière de consommation d’alcool, tout est dans la modération. Autrement dit, c’est plus une question de quantité que de choix de boisson.

En pratique, une consommation modérée revient à boire un maximum de 20g d’alcool par jour, répartis tout au long de la semaine, soit 2 boissons alcoolisées par jour au moment des repas.

Pour vous aider à limiter les quantités d’alcool ingérées, une astuce est d’orienter votre choix sur une boisson à faible teneur en alcool, ou bien d’allonger vos préparations à base de spiritueux (vodka, gin, rhum, whisky…) avec des softs et/ou de l’eau pétillante.

Dans le cas où vous contrôlez votre poids, privilégiez un vin blanc sec ou rouge plutôt qu’un vin cuit, liquoreux ou moelleux, une liqueur, une bière ou un cocktail alcoolisé avec jus de fruit car ces derniers sont souvent riches en sucre.

À noter que le vin rouge est une bonne option, car des études ont montré que sa consommation modérée a un effet cardio-protecteur : augmentation du bon cholestérol (HDL), réduction du stress oxydatif et diminution du fibrinogène (protéine plasmatique dont les taux augmentent dans les états inflammatoires et joue un rôle important dans la formation de caillots).

Quelles sont les précautions à prendre quand de l’alcool est consommé ?

Pensez à boire beaucoup d’eau pour éviter la déshydratation.

Ne buvez pas d’alcool en ayant le ventre vide pour éviter la survenue d’une hypoglycémie.

Adaptez votre traitement et/ou pensez à prendre une collation sucrée si vous associez alcool et activité physique, car tous deux ont un effet hypoglycémiant.

Mesurez votre glycémie avant de vous coucher. Prenez une collation supplémentaire, si nécessaire, pour prévenir l’hypoglycémie nocturne.


Sources :

J-L. Schlienger. Boissons alcoolisées et diabète : Dr Jekyll ou Mr Hyde. Diabétologie pratique. N°49. p. 6-8. Février 2015.

Koloverou E et al. Effects of alcohol consumption and the metabolic syndrome on 10-year incidence of diabetes: the ATTICA study. Diabetes Metab. 2015 Apr;41(2):152-9. doi: 0.1016/j.diabet.2014.06.003. Epub 2014 Sep 2.3.

Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Alcool.

Direction médicale de Dinno santé.

Les informations et outils mis à votre disposition par Dinno Santé, le sont à titre informatif. Ils ne se substituent en aucun cas aux recommandations de votre professionnel de santé.