[Episode 5] Mon métier, mon diabète : Sapeur-pompier professionnel

Mon métier… mon diabète !, découvrez une série de portraits suivant le quotidien professionnel de personnes diabétiques issues de tous les domaines d’activité.

Partage d’expériences, trucs et astuces pour faire face aux petits aléas du quotidien et faciliter le suivi et la gestion du diabète au travail.

[Episode 5] Mon métier, mon diabète : Sapeur-pompier professionnel

Mon métier... mon diabète !

Jean-Marc, 38 ans, exerce un métier jugé incompatible avec son diabète. Pourtant, ce sapeur-pompier professionnel tient fermement les rênes de son équilibre glycémique comme le volant de son fourgon incendie. Rencontre avec ce soldat du feu engagé, qui combat avec force la maladie et la discrimination !

Une vie à contre-courant ?

Je suis sapeur-pompier professionnel depuis l’âge de 20 ans et j’ai déclaré un diabète alors que ma carrière était bien lancée, à 27 ans… Dès le début, j’ai adapté mon diabète à ma vie et je n’ai pas changé mes habitudes professionnelles. Mais, si l’on suit la réglementation, un pompier diabétique ne peut plus prendre part à la partie opérationnelle, il est cantonné au travail de bureau. Le fait de pouvoir exercer ma profession dépend donc de mon responsable…

Au début, cela se passait plutôt bien, mon chef ne voyait pas le diabète comme un obstacle pour les missions du quotidien. Mais, en 2017, une nouvelle médecin-cheffe est arrivée, elle voyait les choses différemment et entendait faire respecter la loi. Dans mon département, nous sommes trois sapeur-pompiers diabétiques de type 1, je ne suis donc pas un cas isolé. Heureusement, le fait de lui présenter notre manière de gérer et l’informer sur la maladie lui a permis de changer de position concernant cette pathologie qu’elle connaissait finalement très mal. Aujourd’hui, elle se bat à nos côtés pour faire évoluer les mentalités.

Interventions, gardes… Les aléas des missions

Désormais, je suis chef d’agrès incendie, cela signifie que je suis la personne responsable dans un fourgon incendie. Au quotidien, j’assure des missions de secours à la personne et de secours routier. Je suis également spécialisé en risques chimiques et radiologiques. Je travaille en garde de 24 heures, c’est-à-dire de 8h00 à 8h00. Pendant ce temps d’activité, le nombre et la durée des interventions sont variables... Je dois être capable de fournir des efforts intenses ou de porter des charges lourdes si nécessaires.

Sport et alimentation au cœur de l’équilibre

En tant que professionnel des secours, je dois être opérationnel à tout moment. Deux séances de sports sont prévues pendant la garde qui sont indispensables à une bonne condition physique. En cas d’effort plus intense, je réduis mes doses de bolus de minimum 30 % et parfois je me resucre en préventif avant, en fonction de mon taux de glycémie ou de mon ressenti. Vu le rythme quotidien, les difficultés sont forcément liées au repas… Je ne mange pas à heure fixe, et bien sûr, il n’est pas impossible que je sois appelé pendant le repas, ou qu’avec l’équipe, on soit déjà sur le terrain… dans ces cas-là, si la durée de l’intervention ne permet pas de rentrer à la caserne, je dois manger sur place. Toutes ces situations m’ont obligé à bien me connaître et à anticiper les imprévus. J’ai toujours avec moi un sac avec un appareil et des affaires de rechange, des pâtes de fruits et des gâteaux pour pouvoir me resucrer en cas d’hypoglycémie. J’ai de la chance, je les ressens facilement, et je ne fais pas de malaise.

Pompe ou stylo à insuline : adapter son traitement à sa vie et pas l’inverse !

La base de mon métier est de s’adapter à n’importe quelle situation, c’est donc ce que j’ai fait avec le diabète. Je suis sous pompe à insuline depuis février 2019, j’ai choisi un modèle que je peux aisément retirer pour ne pas avoir un appareil sur moi lors des gardes. J’utilise aussi un lecteur de glucose en continu pour contrôler facilement et régulièrement ma glycémie avant et pendant les interventions. Dans ces moments-là, je repasse sur un schéma basal/bolus en multi-injections. J’ai mis en place un protocole qui marche bien pour moi : je fais une basale lente et, lors des repas, j’utilise la pompe pour faire des bolus rapides en mode prolongé. Cela me permet de pouvoir stopper le bolus en cas d’intervention.

Le diabète n’a pas eu d’influence sur ma façon d’exercer mon métier… à part quelques pâtes de fruits dans la poche, rien n’a changé. Pourtant, ma profession fait toujours partie des métiers interdits aux personnes diabétiques. Je suis membre de l’Association des Pompiers Diabétiques de France, un excellent moyen d’échanger, mais aussi de soutenir les collègues qui déclarent un diabète alors qu’ils sont déjà en poste et qui peuvent se retrouver en difficultés face à une hiérarchie ou à un médecin-chef. Par ailleurs, c’est également l’occasion de faire entendre nos voix, de mettre en avant nos expériences, et ainsi tenter de faire évoluer la loi. La gestion et la prise en charge du diabète ont énormément évolué ces dernières années, les textes législatifs doivent s’adapter et suivre ces changements.

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