[Episode 2] Mon métier, mon diabète : Médecin urgentiste

Mon métier… mon diabète !, découvrez une série de portraits suivant le quotidien professionnel de personnes diabétiques issues de tous les domaines d’activité.

Partage d’expériences, trucs et astuces pour faire face aux petits aléas du quotidien et faciliter le suivi et la gestion du diabète au travail.

[Episode 2] Mon métier, mon diabète : Médecin urgentiste

Mon métier... mon diabète !

Frédéric, 45 ans, est médecin urgentiste et ceinture noire 1ère Dan de Karaté. Grand sportif, il côtoie le diabète depuis 34 ans, un long chemin durant lequel il a mis en place ses propres gardes fous comme il nous l’explique afin de ne pas trop subir les variations glycémiques liées à son activité professionnelle.

« Je suis traité par multi-injections optimisés : 3 injections de rapide en journée et une lente le soir. Un schéma certes un peu « désuet » mais qui me permet d’atteindre une HbA1c qui gravite autour de 6,5 %. Il est surtout adapté à mon rythme de vie et à mes activités aussi bien professionnelles que sportives.

Un métier engagé et engageant

Je suis médecin urgentiste depuis 18 ans. C’est un métier très enrichissant qui m’a beaucoup appris. J’ai eu à gérer des situations de détresse importante et j’ai su venir en aide aux autres et ce malgré ma pathologie. Chaque jour, je gère toutes sortes d’urgences qu’elles soient vitales ou non. Dans ce quotidien, mon diabète est parfois difficile à appréhender…

Je fais en moyenne 6 nuits de garde par mois, ce qui signifie être sur le pont de 18h30 à 8h00 du matin, avec des horaires de repas très tardifs autour de 23h/minuit, ainsi que des activités à rythme tendu et beaucoup de contraintes. Lors des gardes, je m’autorise un léger déséquilibre avec une glycémie autour de 2 g afin de pas être dérangé par une hypoglycémie qui pourrait gêner la prise en charge d’un patient fragilisé. Je diminue mon insuline lente de 2 unités ainsi que ma rapide. Avec ce protocole, il m’est quasiment impossible d’être en hypoglycémie.

Parfois, je suis amené à intervenir en dehors de l’hôpital à bord d’un véhicule SMUR (structure mobile d'urgence et de réanimation). Cette activité est la plus grande source de déséquilibre avec des risques de grande variation glycémique car elle est totalement imprévisible et peut nous amener à rester 5 heures en dehors de l’hôpital. S’il m’arrive d’intervenir, je suis plus rarement en SMUR que mes collègues. La gestion des urgences c’est aussi une source de stress pas toujours liée à la gravité de l’état de santé du patient mais plutôt aux nombres de patients à prendre en charge et aux réponses immédiates et adaptées que l’on doit donner rapidement.

La technologie, un soutien de taille…

Pour moi, le plus gros progrès en diabétologie restera à tout jamais l’émergence des capteurs de glycémies… Lecture de la glycémie en 1 seconde, possibilité de faire 25 glycémies journalières en 25 secondes. Je me souviens des nuits de garde où je collectionnais les aiguilles pour stylo autopiqueurs, je devais en faire 15 à 20 chaque nuits pour prévenir les hypoglycémies et ainsi assurer mon poste. Aujourd’hui, c est fini ! Un coup d’œil au capteur et résultats immédiats, si j’ai 1,50 g à 2h00 du matin, je sais que ça va descendre alors je consomme une galette sablée pour viser le 1,80 g et le 2 g et ainsi continuer à travailler en toute quiétude. Merci les capteurs !

Le sport comme régulateur

Malgré les variations glycémiques dues notamment aux gardes, mon HbA1c reste voisine de 6,5 % et je le dois en grande partie à mon activité physique. Le lendemain d’une garde un peu difficile avec des glycémies nocturnes entre 2 g et 2,50 g/dL, je vais toujours faire un footing cool de 7-8 km pour « restaurer l’équilibre ».

Mon choix de traitement par multi-injections est en parti lié à la pratique hebdomadaire de sport de combat depuis une vingtaine d’années. Je suis ceinture noire 1ère Dan de Karaté, ce qui rend compliqué l’usage d’une pompe à insuline. Malheureusement, avec l’âge et les blessures, la pratique de ce sport est de plus en plus occasionnelle. Du coup, je me concentre sur la course à pied. J’ai été licencié un temps, mais malgré de bons chronos : 1h43 au semi-marathon (21 km), mon rythme de travail à l’époque m’empêchait d’assister régulièrement aux entraînements. Aujourd’hui, je cours en moyenne 3 fois/semaine soit en tout environ 25 km, cela me permet de parfaire mon équilibre glycémique, c’est mon meilleur allié thérapeutique.

Pour moi, chaque diabétique doit vivre sa vie comme il l’entend, ne pas trop avoir le regard collé à son capteur, voyager, faire du sport… je suis bien placé pour le savoir. J’ai une famille, un métier dont je suis fier, même si aujourd’hui, je me laisse du temps pour me réorienter dans un autre domaine mais toujours dans le médical.
Il n’y a pas, selon moi, de protocole type dans la gestion de cette maladie. Il faut avant tout l’accepter et apprendre avec le temps comment la contrôler en élaborant une stratégie qui sera propre à chacun.
Le diabète a longtemps été un ennemi, il l’est encore un peu, mais je ne serais peut-être pas comme je suis aujourd’hui sans lui.

Le sport est un bon moyen d’équilibrer votre diabète !

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